LES OEUVRES SACRIFIEES A LA FONTE FIN 1941

LES GLOIRES QU'ON DEBOULONNE

Nous avons signalé il y a quelque temps qu'en exécution d'un décret il allait être procédé à l'enlèvement des statues et monuments en alliages cuivreux sis dans les lieux publics et dans les locaux administratifs.
En exécution de ce décret fut créée, dans chaque département aux fins de déterminer quels seraient les statues et monuments qui devront être conservés en raison de leur caractère artistique historique.
Cette commission a siégé à la Préfecture, et M. Albert Roze, le distingué conservateur du musée de Picardie en faisait naturellement partie. [...]
Une consolation nous reste... le moulage des œuvres sacrifiées pourra être exécuté aux frais de l'état.

Nous avons fait le relevé des statues et monuments qui vont être livrés à la fonte. En voici une liste aussi exacte que possible.

AMIENS : Fontaine Herbet (en 1887 la Fontaine trouva son emplacement définitif dans le jardin Saint-Michel, sur le futur boulevard de Belfort jusqu'en 1941) Ajout E.A.

ABBEVILLE : les statues de Boucher de Perthe et de Lesueur ; les canons de la statue de l'Amiral Courbet ; le buste d'Ernest Prarond et le bas-relief du monument du Chevalier de la Barre.

MONTDIDIER : la statue de Parmentier

PERONNE : statue de Marie Fouré

LE CROTOY : le monument CAUDRON et le buste Florentin Lefils

PONTHOILLE : le monument aux frères Caudron

HAM : la statue du général Foy

MERS-LES-BAINS : le buste de Pierre Lefort

ALBERT : le buste d'Albert Toulet

VRAIGNES : le buste de Crinon

VERS-SUR-SELLE : le buste d'Emanuel Bourgeois

ROLLOT : le buste de Gallant

FINS : le Buste de Michel

Le Progrès de la Somme, numéro 22550, 28 décembre 1941



Cordialement
Eric Abadie

DES STATUES DE PIERRE

L'enlèvement des statues de bronze rendu nécessaire par le défaut de matières premières *, a ému certaines collectivités.
Pour les rassurer, le gouvernement a décidé de procéder, toutes les fois que les municipalités ou les groupements intéressés en feront la demande, au remplacement des statues métalliques par des statues de pierre, après avis du représentant du Secrétariat général des Beaux-Arts dans les commissions départementales.

Le Progrès de la Somme, numéro 22567, 18 - 19 janvier 1942

voir sur ce sujet pour Paris : La fonte des Grands hommes - Destruction et recyclage des statues parisiennes sous l'Occupation
https://www.cairn.info/revue-terrains-e ... age-99.htm

* Aucune allusion ici sur le véritable commanditaire de cet enlèvement des monuments et statues, l'Allemagne nazie, qui occupe la moitié de la France, et fait réquisitionner pour son effort de guerre une grande quantité de métaux non ferreux, tels que de l'étain, du plomb, du nickel ou du cuivre, afin d'approvisionner ses usines d'armement.


Cordialement
Eric Abadie

MONTDIDIER

Parmentier ... nous quitte !

C'est un fait, une équipe d'ouvriers a déboulonné vendredi dernier * la statue de notre bon compatriote Parmentier, pour la transporter chez le Maire, M. Lematte, d'où après une prise de moulage, elle sera dirigée vers l'un des fourneaux où elle sera fondue.
Les personnes qui ont assisté à l'opération, l'ont suivie avec émotion, mais elles se sont consolées en se disant que le vulgarisateur de la pomme de terre est immortel. Nous le reverrons bien un jour et ce sera comme après l'autre tourmente, l'occasion d'évoquer, à l'occasion de l'installation d'un nouveau socle, les bienfaits que Parmentier nous a dispensés.

Le Progrès de la Somme, numéro 22567, 18 - 19 janvier 1942

* Est-ce le Vendredi 16 janvier 1942 ?


Cordialement
Eric Abadie

PERONNE

Marie Fouré n'est plus !

Nous parlons de sa statue qui ornait le square Saint-Jean.
On vient de l'enlever de son socle, comme un certain nombre de statues de bronze du département.

Le Progrès de la Somme, numéro 22574, 27 janvier 1942

Au cours de la Première Guerre mondiale les Allemands avaient déjà emmené la statue de l'héroïne de 1536 à la Fonte. Une carte postale ancienne montre le piédestal de la statue de Marie Fouré en 1917. Elle est ainsi annotée : Les Vandales ont enlevé la statue et l'avaient remplacé par un mannequin

Voici la statue de Marie Fouré à Péronne telle qu'elle était jusqu'à sa disparition pendant l'occupation allemande fin 1941 / début 1942. C'était une réplique de celle qui existait avant la Grande Guerre.


Cordialement
Eric Abadie