Bonsoir Eric,
Faisant suite à mon envoi de ce matin consacré au journaliste sportif Roger Couderc suivi, en retour, de tes indications concernant le régiment d'affectation en 1940 (208°RALD), j'ai retrouvé l'article suivant qui peut situer le jour et lieu de capture de Roger Couderc (Sillé le Guillaume dans la Sarthe à l'Ouest du Mans), malheureusement ponctuée par l'exécution sommaire de combattants africains;
LES ALPES MANCELLES LIBEREES Publié le 30 Juin 2020
Histoire. Le 19 juin 1940, une journée tragique gravée dans les mémoires Le 19 juin 1940, 14 tirailleurs sénégalais ont été fusillés à Sillé-le-Guillaume (Sarthe) par les Allemands. Récit de cette tragique journée. Ce 19 juin, la cérémonie prévue en l’honneur des 14 tirailleurs sénégalais fusillés à Sillé-le-Guillaume par les Allemands, n’a pas pu se tenir en raison du Covid-19. Le souvenir du 19 juin 1940 est cependant bien présent. Jean-Paul Taupin président du Souvenir Français revient sur cette tragique journée, avec l’aide précieuse du documentaliste André Hu.
« Le 19 juin 1940 les troupes d’occupation ont fusillé sans procès des militaires Français. Fait qui n’est malheureusement pas unique. On estime à plusieurs milliers le nombre de nos soldats ayant subi le même sort à cause de leurs origines. Nous n’avons à ce jour trouvé aucun rapport officiel décrivant cette sombre journée dans le détail. Tout commence le 17 juin 1940… Le 17 juin 1940 un élément du 208 ème régiment d’ artillerie lourde coloniale arrive à Sillé-le-Guillaume. Cet élément comprend des véhicules automobiles et hippomobiles quelques canons, et toute l’intendance nécessaire a un régiment en marche. De nombreux soldats en uniforme kaki investissent alors le centre-ville, ils se replient sur des positions prévues à l’avance. À la gare plusieurs trains les attendent, les locomotives sont sous pression ; l’embarquement commence ; les chevaux dans les wagons à bestiaux, le matériel sur les plateaux et les hommes avec armes et bagages dans des wagons de marchandises et de voyageurs.
Le convoi mitraillé Vers 16 heures, des avions Allemands ayant repéré cette animation mitraillent le convoi qui part rapidement en direction de Laval qu’il n’atteindra pas car tous seront capturés le 18 juin. Dans cette précipitation de nombreux soldats n’ont pu être embarqués. Le 18, arrive un nouveau convoi non pas des Français mais des soldats Allemands et c’est à ce moment-là qu’ils sont faits prisonniers. Les habitants voient avec tristesse et amertume ce triste spectacle, ils font la connaissance de ces uniformes verts et cette croix sur les portières des véhicules qu’ils devront supporter pendant 4 ans. Le gradé dont la section garde nos soldats s’aperçoit que parmi eux il y a des soldats d’origine Africaine.
Ne sachant que faire il va prendre des ordres auprès de l’officier supérieur qui commande le détachement. Lui-même reçoit des informations du haut commandement qui stipule » qu’il est établi que des militaires coloniaux ont mutilé d une façon bestiale des soldats Allemands et qu’envers ces soldats indigènes toutes bienveillances serait une erreur et qu’ils sont à traiter avec la plus grande rigueur. » Comment cet ordre a-t-il été interprété ? Cet ordre a sans doute fait l’objet d’une stricte application des directives par un officier acquis au régime nazi. Le 19 juin vers 14 heures on les sépare de leurs camarades et on les emmène, entourés de militaires en armes. Quelques artilleurs se doutent de ce qui va arriver, malheureusement ils ne peuvent leur venir en aide. Passant place de la république de courageux Silléens arrivent a détourner l’attention des Allemands et réussissent a sauver du massacre un ou deux soldats africains. Ils passent devant l’hôtel de Bretagne puis descendent la rue de Sablé aujourd’hui hui rue du Général Leclerc, passent sous le pont prennent a gauche la rue de la corderie puis arrivent sur le boulevard des jardiniers. Après 200 mètres une barrière est ouverte et on les fait entrer dans cette prairie « le pré Guittet », habitués à exécuter les ordres, ils sont confiants ne se doutant pas que la mort est toute proche, le peloton d exécution les fait mettre dos au talus. Derrière on peut entrevoir la gare SNCF puis un ordre est donné par le chef de groupe, des rafales de fusils-mitrailleurs résonnent. 14 combattants tombent à terre. Inhumés dans une fosse commune À la fin de cette abominable tuerie, la section repart tranquillement de par où elle était venue. Le 20 juin au matin le maire se déplace et va sur le lieu du massacre, les corps sont là, les mouches commencent à arriver, le sang a séché. Craignant une épidémie, le maire se rend à la kommandantur, bâtiment en centre-ville réquisitionné et demande à l’officier responsable du secteur s’il peut faire enlever les corps. L’autorisation lui est donnée. Le maire demande aux éboueurs d aller chercher les corps et de les amener au cimetière. Le corbillard n’était autre que la charrette qui servait a ramassé les ordures avant de les mettre en terre on les fouille. Quelques effets personnels sont trouvés des livrets militaires et plaques d’ identifications pour un certain nombre on les met dans un trou prévu à cet effet, côte à côte comme ils étaient au combat et a 11h30 on jette sur ces cadavres une terre qui n’est pas celle de leur pays de naissance et on les oublie pendant plusieurs mois.
Réinhumés en mars 1941 Le 2 décembre 1940 le préfet de la Sarthe, mis au courant demande au maire si l’inhumation a été faite conformément aux prescriptions habituelles, c est à dire, avec cercueils, à la profondeur réglementaire et dotée d un emblème permettant leur identification. Le 6 décembre, le maire de Sillé répond par la négative les 14 Sénégalais ont été inhumés dans une fosse commune, sans cercueil, sans emblèmes funéraires. Le 15 février 1941 la préfecture ordonne que les artilleurs soient exhumés et réinhumés dans des cercueils avec une croix provisoire et ce, en présence d un officier Allemand le 19 février, le maire sollicite la présence de cet officier. La date de la mise en terre est prévue pour le 17 mars 1941 à 15 heures.
Inauguration de la stèle le 17 avril 1999 Il est a signaler que cette triste besogne fut effectuée en partie par une personne qui a cette époque avait 16 ans et qui est décédée en 2019. C’est avec beaucoup d’émotion, qu’elle m’a raconté ce transfert de corps de la fosse commune pour la mise en cercueil. Une inauguration de la stèle restaurée a eu lieu le 17 avril 1999 en présence de l’ambassadeur du Sénégal, du sous-préfet de la Flèche, ainsi que de nombreuses personnalités civiles et militaires, des élus locaux, de porte-drapeaux ainsi qu’un peloton du 2 eme RIMA.
Lors du congrès départemental du Souvenir Français qui se tenait a Sillé-le-Guillaume des descendants de la famille Faye dont les corps sont dans le carré militaire étaient parmi nous pour un recueillement des plus émouvant. Alors, ayons une pensée pour tous ces hommes venus de terres lointaines qui n’ont pas hésité au risque de leur vie a nous venir en aide ne les oublions pas a nous le souvenir a eux l’ immortalité. »
En espérant que ce texte puisse t'intéresser (tu peux le publier si tu le souhaites). Destin tragique de ces hommes
Bonne soirée Amicalement Hervé Savary
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