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 Sujet du message : PÉRONNE
MessagePublié : mer. févr. 28, 2024 17:07 pm 
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SUR LA ROUTE D'AMIENS A PÉRONNE


Juillet 1940


QUARTIER SAINT-ACHEUL. - En sortant des ruines d'Amiens et par contraste, le quartier Saint-Acheul présente un aspect sympathique et réconfortant. On y remarque peu de dégâts dans l'ensemble, un groupe de maisons, face à l'église, entre le début de la chaussée Jules-Ferry et le numéro 125 est assez endommagé, ainsi que l'angle de la rue de Cagny.

LONGUEAU. - Du pont de Longueau, on a l'impression que la gare et les voies ferrées sont intactes, et la commune a relativement peu souffert. Le clocher de l'église a été abattu.
Plus loin, sur le terrain de Glisy, des appareils allemands détruits sont sous la garde de soldats.

VILLERS-BRETONNEUX. - Vu de la route, le monument commémoratif de Villers-Bretonneux garde son imposant aspect.
La commune présente peu de dégâts. La gendarmerie et le garage BLED sont parmi les immeubles les plus touchés. Le clocher de l'église est debout. La pyramide, par contre, a été atteinte et... ajourée.

MARCELCAVE est absolument indemne.

WARFUSÉE-ABANCOURT. - Pas de gros dégâts dans l'ensemble, mais les toitures sont généralement endommagées. La ferme, avant le carrefour de la route de Proyart est complètement détruite. Elle a été incendiée.

FOUCAUCOURT et ESTRÉES-DENIÉCOURT offrent un spectacle désolé de ruines. Presque toutes les constructions sont détruites par le feu ou les bombardements. Peu de maisons sont habitables. De l'église de Foucaucourt, incendiée, il reste des murs noircis.

SOYECOURT est beaucoup moins atteint.

VILLERS-CARBONNEL est très touché. Il y a des dégâts importants, surtout au carrefour de la route de Péronne.

PÉRONNE
Malgré les papiers que nous présentons, émanant des autorités allemandes, interdiction de franchir le pont. Nous ne devons pas séjourner plus d'une demi-heure, et le sous-officier de garde retient en gage nos papiers et ceux de la voiture.
L'entrée de la ville est fort endommagée.
M. MONTANÉ, sous-préfet, a regagné son poste. C'est M. DEVRAINNE, vétérinaire, qui exerce les fonctions de maire, nommé par les occupants. Il a pour adjoint M. LABROCHE, inspecteur des permis de conduire et pour secrétaire M. TRANCART.
Grâce à ces personnes dévouées, responsables de la sécurité de la ville, la vie reprend et s'organise à Péronne.
Cinq à six cents habitants sont rentrés.
L'alimentation en eau potable est rétablie. Le courant électrique l'est sans doute également à ce jour. Nous avons déjà donné un aperçu des dégâts subis par la cité. La mairie n'a que des dégâts partiels, peu importants, à l'aile droite ; sur la place, les paquets de maisons entre les numéros 13 et 29, des "Stocks américains" à "La Cave", est (sic) détruit, à l'exception du café Saintot.
En face de ce café, un autre groupe d'immeubles a été incendié, sauf toutefois la mercerie Fliliot, le magasin Mado et l'épicerie Mauchier. Le garage Citroën et la Caisse d'Epargne ont été ravagés par le bombardement.
La faubourg de Bretagne, nous l'avons dit, a été particulièrement atteint. Entre "le relais de France" et la rue de Bretagne, les dégâts sont graves et étendus. le boulevard sud-est est également très endommagé ainsi que la gare et les ateliers de Péronne.

DANS LA RÉGION DE PÉRONNE

HAM. - Si la ville a beaucoup souffert, beaucoup de maisons sont toutefois encore debout et habitables. Trois boulangers sont rentrés et travaillent ; deux hôteliers, près de la gare, ont remis en activité leurs établissements. Une boucherie est ouverte.
Mais, il n'y a ni gaz ni électricité, et le ravitaillement en eau potable est assez difficile.

BIACHES. - Au 1er juillet, le village avait peu souffert, sauf par passage de troupes ou fugitifs.
42 personnes sont rentrées, dont M. FOURNIER R., qui a pu faire parvenir de ses nouvelles. On a retrouvé du gros bétail, vaches et poulains et des poules. Les jardins sont pillés.
Des trains de marchandises seuls circulent.

BRAY-SUR-SOMME a été à peu près épargné.

PROYART. - Cette localité a beaucoup souffert. Le clocher est rasé. L'incendie a causé à la sucrerie de très importants dégâts.
Quarante-deux maisons ont été brûlées lors de la bataille de la Somme qui dura plusieurs jours. Le reste de la commune est très abimé par les obus et l'on compte les demeures épargnées, comme le château de M. François. le monument n'a presque rien. Les écoles, la poste n'existent plus.
Malgré tout, une centaine de personnes sont rentrées, d'autres sont en cours de route. Il y a du pain, un peu de ravitaillement à prendre à Albert, qui est intact, relativement.
Proyart est l'une des communes de la région les plus dévastées. On y est allé très facilement, il y a quelques semaines. Une équipe de prisonniers y enterrait les cadavres. Beaucoup de bêtes à cornes étaient tuées ou mortes, également ; les autres se nourrissaient en plaine.
La récolte en blé est belle.
Dans les maisons, des visiteurs audacieux sont passés ; mais la situation, à cet égard, est aujourd'hui assainie.
Le maire, M. Raoul DEFLANDRE, est à Chambord, par Glos-la-Ferrière (Orne). Il compte rentrer dans la commune très prochainement.

MORLANCOURT et VAUVILLERS n'ont pas eu à souffrir.

Le Progrès de la Somme, numéro 22161, 17 - 28 juillet 1940 259PER292 Archives de la Somme


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BELLOY-EN-SANTERRE. - M. E. CAUDRON, secrétaire de mairie, est à Saint-Piat-en-Lanvallay (C-du-N) (Côtes d'Armor)

Le Progrès de la Somme, numéro 22160, 30 juin - 17 juillet 1940 259PER292 Archives de la Somme



LAMOTTE-EN-SANTERRE/ - M. GUILLAUME, maire, chez M. Berthe à Marques par Foucarmont (Seine-Inférieure)

Le Progrès de la Somme, numéro 22157, 1er - 8 juin 1940 259PER292 Archives de la Somme



Cordialement
Eric Abadie


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 Sujet du message : Re: PÉRONNE
MessagePublié : jeu. févr. 29, 2024 14:18 pm 
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PÉRONNE


Évacuation de la ville

Le nom de cette petite ville picarde a déjà figuré tant de fois au communiqué officiel qu'il nous sera certainement permis d'indiquer quelques détails sur son évacuation. On raconte bien des choses, souvent contradictoires, sur les communes de notre beau département, qui furent éprouvées par l'ennemi.
Cette fois, il s'agit d'une relation exacte, puisque nous la tenons d'un Péronnais bien connu, non seulement à Péronne, mais dans tout le département : M.
Léon LEROUX, négociant, qui assurent les fonctions de maire depuis la déclaration de guerre.
Dans la matinée du vendredi 17 mai, le nombre des évacués de Belgique et du nord, augmenta rapidement.
Pourtant, depuis quelques jours, leur effectif était déjà très important. C'est vers 13 heures 45, que l'ordre d'évacuation parvint à la mairie. Aussitôt M.
LEROUX fit parcourir la ville par des jeunes gens à bicyclette, recommandant à tous les Péronnais de quitter d'urgence - et même à pied en cas de besoin - la ville et ses abords.
A 14 h., un premier bombardement éprouva deux parties de la ville complètement opposées. Peu de victimes, heureusement. L'alerte passée, le maire insista vivement auprès d u service des étapes, pour obtenir des véhicules automobiles militaires, afin d'assurer dans les meilleures conditions possibles, l'évacuation. Ayant obtenu satisfaction, il se tint à l'Hôtel-de-Ville jusqu'à 17 h. 30. il ne devait le quitter qu'après s'être assuré du départ de la majeure partie des habitants.
A 18 h., un bombardement, beaucoup plus violent que le premier, commença. Cette fois, c'est le centre de la ville que les pilotes allemands visaient. En raison de l'exode massif des Péronnais, il est vraisemblable que les bombes ne firent pas de nombreuses victimes. D'ailleurs les rares personnes qui restaient, devenues prudentes - on le deviendrait à moins - avaient gagné les abris du château, dès l'apparition du premier avion ennemi.
Tout porte à croire que, le soir, il ne restait plus personne quand les Allemands occupèrent la cité.
Au cours du voyage de repli, la camionnette qui transportait - au complet - les archives de la ville, fut bombardée, mais sans résultat fâcheux.
Nous sommes heureux d'apprendre à nos lecteurs péronnais qu'en plus des archives municipales, les comptes de la Caisse d'Epargne, de la Recette Municipale, de la Régie Electrique et des autres services communaux furent sauvés.
Au dernier moment, M.
LEROUX fit enlever la Croix de Guerre et la Croix de la Légion d'Honneur qui ornaient l'écusson aux armes de la ville. Il pensa également aux objets de valeur du musée dont les monnaies, les statuettes, les bijoux et les émaux, sont actuellement en lieu sûr.
Un fait remarquable que nous tenons à signaler d'une manière toute particulière à nos lecteurs : grâce à l'initiative prise par M.
DUMEIGE, directeur de l'Hôpital-Hospice, la population de cet établissement put être évacuée complètement : il n'est pas resté un vieillard, ni un malade.
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Telles sont les précisions que nous avons recueillies sur l'évacuation de la cité péronnaise, cette petite cité qui vient d'ajouter une nouvelle page douloureuse à son histoire locale.


Le Progrès de la Somme, numéro 22158, 9 - 15 juin 1940 259PER292 Archives de la Somme




Cordialement
Eric ABADIE


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 Sujet du message : Re: PÉRONNE
MessagePublié : jeu. févr. 29, 2024 15:50 pm 
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PÉRONNE

M. DUMEIGE, directeur de l'Hôpital-Hospice


Je savais bien que, sans attendre bien longtemps on apprendrait que les Péronnais de 1940 suivraient l'exemple de ceux de 1914. Mieux : je pensais que les anciens, "les plus de 50 ans", continueraient à faire leur devoir, simplement, comme au cours de celle qu'on croyait être "la der des der", la grande libératrice, celle qui devait supprimer à tout jamais "le grand cauchemar de l'humanité".
A peine installé dans ce coin de la Bretagne quiète et paisible, où le ciel a des douceurs impressionnantes pour nous autres Picards, que je recevais de Péronnais, transplantés comme moi, la nouvelle de traits de courage tranquille et calme. Les archives de la ville mises en lieu sûr, celles de la plupart des services municipaux et de la Caisse d'Epargne aussi, tout cela représente beaucoup de fermeté, de sang-froid et d'abnégation.
Je me revois encore demandant à certains fonctionnaires comment ils se débrouillaient s'il fallait envisager une évacuation devant la fréquence des bombardements aériens. Et je les entends me répondre qu'on "ferait tout le nécessaire".
Et on l'a fait, ce nécessaire : on l'a fait d'une manière admirable, puisque - pour ne citer qu'un exemple - la population de l'hôpital-hospice fut évacuée complètement. Quel brave type, tout de même, que mon vieil ami DUMEIGE qui a déjà connu les affres de l'avance ennemie, et les souffrances de l'occupation. Comme il savait réconforter les Péronnais qui s'étaient peut-être trop hâtés de regagner leur bon vieux Péronne au lendemain de l'armistice.
Je cite
DUMEIGE, parce qu'on ma d'abord parlé de lui. Mais il me serait facile d'établir ici une liste, très longue, des Péronnais qui ont bien mérité de leur petite patrie. Je sais qu'il va bondir de colère en lisant ce que j'écris.
Et je présume que plus tard, lorsque je le retrouverai à cette table du petit Saint-Jean, où il aimait tant faire sa partie de bridge le soir, sa besogne achevée, il me reprochera ce qu'il appellera "des exagérations".
Car
DUMEIGE n'est pas seulement un brave homme, c'est aussi un brave, et surtout un modeste.
signé :Le solitaire du Cam.

Le Progrès de la Somme, numéro 22157, 1er - 8 juin 1940 259PER292 Archives de la Somme




Cordialement
E. Abadie


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