SAINT-SAUVEUR
Pendant l'évacuation. - Nous recevons la lettre suivante de M. NOLLET, adjoint au maire d'Amiens :
Dans votre numéro du 14 courant, vous signalez la rentrée de M. NOLLET, adjoint (maire de Saint-Sauveur). Ceci est inexact pour les raisons suivantes : "Dès le 19 mai, date à laquelle mon usine du 11 de la rue de l'Aventure a été complètement détruite, je suis resté à Saint-Sauveur. Avec le concours précieux de M. GERMAIN Robert, qui était à ce moment là inspecteur de police spéciale, et de M. MANCINI, directeur de la Compagnie de Tramways d'Amiens, aidés de deux conseillers municipaux qui n'avaient pas abandonnés le village, nous avons, devant l'afflux de réfugiés d'Amiens et des environs, formé un Comité de secours dont M. l'inspecteur GERMAIN a été élu président. Grâce à la fermeté et l'énergie de celui-ci, ainsi qu'à son esprit d'initiative, une boulangerie et une boucherie furent créées, et dès le mardi 21 mai, la vie recommençait moins triste. Malgré les difficultés du moment et la crise du logement de 1.200 évacués dans un pays de 900 habitants, le Comité de secours parvint à donner satisfaction à tous et même à pouvoir distribuer des secours aux indigents. Cette situation dura jusqu'au 31 mai où, sur l'ordre des autorités allemandes, nous dûmes évacuer Saint-Sauveur. Qu'il me soit permis également de signaler le dévouement désintéressé des membres du Comité de secours, entre autres M. CHANTRIEUX et son fils, ainsi que l'agent auxiliaire de la police d'Amiens LAURIN, qui se dépensèrent sans compter. La situation de l'inspecteur GERMAIN, qui est actuellement inspecteur principal de la police d'Amiens, était, pendant ces douze jours de ce mois de mai, très critique. Toujours sur la brèche et responsable des actions de toute la population (faisant fonction de maire), il fut, je dois encore une fois le rappeler, digne de tous les éloges. Qu'il me soit permis, par cette lettre et au nom de la population de Saint-Sauveur et de l'administration actuelle, de lui exprimer nos vifs remerciements pour sa conduite dans ces moments difficiles, et le féliciter pour son avancement à Amiens. Dès le 15 juin, les rentrées se firent dans la commune et aujourd'hui, la population est presque complète. M. GÉROUX, maire actuel de la commune, étant rentré, la vie reprend normalement. Voici, Monsieur le rédacteur en chef, fidèlement retracée l'œuvre du Comité de secours de Saint-Sauveur. Je vous prie d'agréer, l'expression de mes sentiments distingués." "NOLLET, adjoint."
Le Progrès de la Somme, numéro 22168, 2 - 4 septembre 1940 259PER292 Archives de la Somme
Cordialement E. Abadie
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