Bonjour,
Dans l'édition du Dimanche 21 mai 2023, Le Courrier Picard propose une double page sur Louis DAUDRE (Daudré)
De Péronne aux Ardennes dans les pas du Commandant Louis Daudré, mort au combat en mai 1940.
par LUDOVIC LASCOMBE
dans les Ardennes, un hommage vient d’être rendu au commandant Un pèlerinage familial qui dure depuis plus de 60 ans. Reportage.
Au milieu de champs vallonnés, où pâturent tranquillement des vaches, jetant un regard distrait au tumulte ici bas, la Sonnerie aux morts retentit, suivie d’une vibrante Marseillaise. Les porte-drapeaux se dressent solennellement devant la stèle érigée sur le bas-côté de cette petite route de campagne descendant vers les Grandes-Armoises, charmant petit village ardennais. Ce monument discret et ombragé évoque la mort tragique, survenue 83 ans plus tôt, du commandant au 51 e Régiment d’infanterie Louis Daudré, maire de Péronne alors en exercice, et de son ordonnance le lieutenant Poisson, le 25 mai 1940, lors de la terrible Bataille de Stonne dans les Ardennes. Le nom du commandant Louis Daudré est étroitement lié à la ville de Péronne. Les plaques de la place de l’hôtel de ville et le monument aux morts rappellent aux passants son sacrifice héroïque. Mais il faut se rendre à plus de 200 km de là pour retrouver trace de lui. SUBMERGÉS PAR L’ÉMOTION Ainsi, ce vendredi 19 mai, 38 ans jour pour jour après l’inauguration de cette stèle qui avait eu lieu en présence de ses fils Louis, Jean (ancien maire de Péronne) et Henry, aujourd’hui décédés, trois de ses petits-enfants viennent se recueillir sur les lieux du drame, dans cette campagne paisible, où on peine à imaginer le son du canon. L’une de ses petites-filles, Catherine Barbier, âgée de 71 ans, accompagnée de son mari Pierre Barbier, pharmaciens à la retraite vivant à Péronne, retrouve pour l’occasion deux de ses cousins. Françoise et Jean-Paul Daudré habitent respectivement à Orthez (Pyrénées-Atlantiques) et Bourg-en-Bresse (Ain). En déposant un joli bouquet de roses rouges et jaunes sur le monument, ces descendants du commandant Daudré ne peuvent retenir quelques larmes. « C’est très important pour nous d’être là, confie, émue, Catherine Barbier. Lors du déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022, elle avait accueilli une jeune Ukrainienne et sa grand-mère, en souvenir de cet aïeul mort au champ d’honneur pour défendre sa patrie. étant nés après-guerre, nous n’avons pas connu notre grand-père. Mais nous en avons beaucoup entendu parler par nos pères, qui avaient entre 10 et 18 ans à sa mort. Nous sommes venus régulièrement ici avec nos parents, puis à notre tour avec nos enfants et petits-enfants. » DERNIÈRE VISITE EN 2009 La dernière fois, c’était en 2009, en famille. Jusqu’à ce que, récemment, le secrétaire de l’Association patriotique du souvenir des combats de Stonne et village environnant (APSCE), entretenant ce circuit de mémoire de plus de 60 km, reprenne contact avec Catherine Barbier via les réseaux sociaux. « Il nous invitait à venir cette année pour participer aux commémorations. J’ai prévenu mes cousins et cousines, vivant partout en France, qui n’ont pas tous pu venir. Mais nous avons pu monter cette petite délégation », sourit Catherine Barbier aux côtés de sa cousine, ayant sorti pour l’occasion l’album de photos familial. Pour le maire des Grandes Armoises, Gérard Faillon, enfant du pays qui a aidé à la construction du monument et l’entretient chaque année, c’est une fierté de recevoir des descendants de cet officier de réserve. Son nom est encore honoré dans ce coin de campagne, bien loin de la Picardie. « Pendant de nombreuses années, les survivants de cette bataille qui ont servi sous ses ordres venaient se recueillir ici car il est mort en protégeant leur évacuation. Il était le dernier sur place avec son lieutenant quand ils ont été fauchés par un obus tiré de la crête d’en face. Ils l’appréciaient beaucoup et le surnommaient affectueusement grand-père , car il était beaucoup plus âgé qu’eux (49 ans) et était un vétéran de la Première Guerre mondiale », rappelle, ému, l’édile ardennais. Il connait chaque endroit où l’armée française s’est vaillamment défendue contre l’armée allemande. Un combat héroïque au cours duquel le commandant Louis Daudré a laissé la vie et dont le souvenir repose pour l’éternité.
autres articles annexes : - J’ai vu des hommes calcinés dans les chars d’assaut
Des enfants du pays se souviennent encore de l’âpreté des combats survenus 83 ans plus tôt dans ce secteur à la limite de la frontière belge, au cours de cette bataille surnommée plus tard le « Verdun de 1940 ». Le 51 e RI, commandé par Louis Daudré, déplore 475 tués et 110 disparus du 15 au 25 mai 1940 dans des combats opposant les blindés Panzers du général Heinz Guderian aux chars B1 français. Un porte-drapeau, originaire de Stonne, âgé de 7 ans à l’époque, s’en souvient comme si c’était hier. « Il y avait des tanks détruits partout, avec de la fumée qui sortait. Dans l’un d’eux, j’ai vu le conducteur sur son siège… Il ne restait plus que les os », lâche-t-il, encore bouleversé par cette scène terrible 83 ans après.
- LE BATAILLON NOIR PICARD Le 3 e bataillon du 51 e RI de Louis Daudré a été surnommé le « Bataillon noir » ou « Bataillon de la procédure ». Dans ses rangs, plusieurs officiers étaient des gens de loi et originaires de Picardie : le commandant Daudré, avoué à Péronne ; le lieutenant Poisson, avoué à Amiens ; le lieutenant Delchambre, notaire à Ham et le capitaine Blanchard, agréé auprès du tribunal de commerce d’Amiens. Roland Dorgelès, de l’Académie Goncourt, l’évoque dans son roman autobiographique La Drôle de guerre.
- Enterré à Péronne, dans le caveau familial
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, c’est Louis Daudré, fils aîné du commandant, qui est allé chercher la dépouille mortelle, enterrée sur place par ses hommes au moment de l’évacuation. « Il l’a ramené à Péronne pour l’enterrer dans le caveau familial du cimetière de la ville », raconte sa petite-fille Catherine Barbier. La famille Daudré est très connue à Péronne. Louis Daudré, enfant de commerçants de la ville, a fait des études de droit avant la mobilisation de 1914. Grièvement blessé à la tête, il avait été décoré de la Croix de Guerre. Avoué, il a été élu maire de Péronne en 1931 et l’était encore lors de sa mort. Son 2e fils, Jean, lui succédera à cette fonction des années plus tard, entre 1971 et 1977.
Extrait :
LES FAITS LE COMMANDANT LOUIS DAUDRÉ, vétéran de la Première Guerre mondiale, avoué, maire de Péronne (1931-1940) et conseiller général, est né le 8 novembre 1890 à Péronne. Il est mort le 25 mai 1940 aux Grandes Armoises, dans les Ardennes. LA BATAILLE DE STONNE, dans les Ardennes, a vu, du 15 au 25 mai 1940, l’armée française s’opposer héroïquement à l’irréversible avancée de l’armée allemande, se soldant par une victoire de cette dernière mais au prix de lourdes pertes. UNE STÈLE a été inaugurée le 19 mai 1985 sur le lieu de la tragédie, sur un circuit commémoratif de la bataille de Stonne où, chaque année, une commémoration est organisée.
Autre extrait :
(Une) stèle (est) érigée sur le bas-côté de cette petite route de campagne descendant vers les Grandes-Armoises, charmant petit village ardennais. Ce monument discret et ombragé évoque la mort tragique, survenue 83 ans plus tôt, du commandant au 51e Régiment d’infanterie Louis Daudré, maire de Péronne alors en exercice, et de son ordonnance le lieutenant Poisson, le 25 mai 1940, lors de la terrible Bataille de Stonne dans les Ardennes.
|