Bonsoir,
Article paru dans les colonnes du Courrier Picard le 15 mars 1994 :
Cordialement - Eric
L'incendie d'Amiens en Juin 40"Pour la plupart des amiénois, en tout cas pour les plus jeunes, la destruction de la ville a été provoquée par une double série de bombardements : lors de l'offensive allemande de juin 1940 et lors de la préparation du débarquement allié au printemps de 1944. [...]
S'agissant du premier, nous livrons à nos lecteurs ce document peu connu. Il nous a été confié par M. J. Prestaut, Directeur départemental de la Société Générale. Il montre l'incendie - le dynamitage ?, s'interroge M. Prestaut - de sa banque (à droite sur le document), le 26 juin 1940. L'emplacement de la pharmacie peut prêter à confusion, cette photo a été prise place René Goblet. Elle montre l'angle de la rue des Trois Cailloux et de la rue Victor Hugo.
Les circonstances de ces destructions mériteraient des explications.
Pierre Vasselle n'y fait qu'une brève allusion dans son ouvrage "La tragédie d'Amiens", l'un des rares ouvrages locaux consacrés à cette époque. : Le 18 juin, écrit Pierre Vasselle, deux Kommandantur s'installent : l'une, à la préfecture, s'occupe des choses essentillement militaires, l'autre installée dans une rue voisine se consacre aux questions concernant la population civile : remise en place des populations, ravitaillement, réparations urgentes pour rendre à la ville l'eau, le gaz, l'électricité... Toutes ces questions sont d'autant plus difficiles à résoudre que des incendies dévastent à nouveau le centre d'Amiens. Toute la partie de la partie de la rue des Trois-Cailloux entre la rue Robert de Luzarches et la place René Goblet est la proie des flammes.
C'est à ce moment qu'on été détruits les magasins Devred, la pharmacie de Paris, la rue Allart et quelques jours plus tard des incendies éclateront encore, anéantissant une grande partie de la rue de Noyon, puis presque toutes les maisons situées devant la gare.
Malgré ces nouveaux sinistres dont on comprend mal la cause, les Amiénois regagnent leurs demeures avec satisfaction", écrit encore Pierre Vasselle un peu plus loin.
La cause, les circonstances exactes, nos lecteurs aimeraient, eux aussi les connaître et s'il ne se trouvait quelque témoin de ces journées dramatiques, nous serions heureux de publier son récit.
Nous avons, pour l'heure, recueilli la version d'une personne qui désire rester anonyme. Selon elle, l'incendie aurait été déclenché par les Allemands eux-mêmes pour dissimuler leurs pillages.
De fait, Pierre Vasselle signale lui aussi pour début juin : "Quant à l'armée occupante, elle manifeste surtout son activité par le "nettoyage" des magasins et elle autorisera parfois des civils à y prendre part après son passage, les maisons particulières ne sont pas épargnées. C'est un spectacle navrant."
Les Amiénois sont peu nombreux à cette époque dans la ville, qu'ils ont évacuée pour tenter d'échapper à l'avance allemande. S'en trouvera-t-il néanmoins quelques uns pour nous éclairer sur ces événements ?
Quant à la photo elle-même, elle a été prise par un soldat allemand. C'est le photographe Caron qui a développé la pellicule, conservant au passage un tirage qu'il a rendu public après guerre.
Pièce jointe :
Amiens1940.jpg [ 268.11 Kio | Consulté 7691 fois ]
Incendie de la rue des Trois-Cailloux le 23 juin 1940